Neutralité sabotée, armée affaiblie : quand Le Temps prépare l’alignement

Quand un ancien diplomate explique qu’il n’y a « rien à débattre », c’est que le débat est précisément ce qu’il faut empêcher. Sous couvert de lucidité stratégique et d’analyse sécuritaire, certaines chroniques de Le Temps ne décrivent pas une menace : elles la fabriquent. Elles ne défendent pas la Suisse : elles préparent son alignement. Derrière un vocabulaire technocratique — « interopérabilité », « résilience », « coopération » — se dessine un projet politique clair : rendre la neutralité armée impraticable, puis obsolète, afin de placer la Suisse sous une tutelle stratégique étrangère sans vote populaire. Ce texte n’est pas une opinion. C’est une opération idéologique.

Par-delà l’analyse sécuritaire, une opération idéologique

Sous couvert de lucidité stratégique, la chronique de François Nordmann dans Le Temps relève moins de l’analyse que de la préparation psychologique. Le texte accompagne — et justifie — un basculement historique : l’abandon de la neutralité armée suisse au profit d’une intégration de fait dans l’architecture de sécurité de l’OTAN, sans débat populaire et sans mandat démocratique.

Tout y est : dramatisation de la menace, disqualification préalable des opposants, naturalisation de choix politiques lourds, et surtout effacement de la responsabilité des élites dans l’affaiblissement volontaire de l’armée suisse.

Une menace présentée comme une évidence… jamais discutée

Le chroniqueur affirme que « le tableau repose sur des faits » et qu’il serait vain d’en débattre. C’est précisément là que commence le problème démocratique.

Car aucune menace militaire directe contre la Suisse n’est établie, ni par la Russie ni par aucun autre État. La Suisse n’est pas membre de l’OTAN, ne participe pas à la guerre en Ukraine, et ne constitue aucune cible stratégique. Pourtant, le discours adopté est celui d’un pays déjà engagé, déjà visé, déjà menacé — exactement la rhétorique employée dans les États membres de l’Alliance.

Cette importation du narratif otanien n’est pas neutre : elle transforme une hypothèse politique en fatalité sécuritaire.

L’argument circulaire : désarmer, puis invoquer l’impuissance

Le cœur du raisonnement est d’une parfaite circularité :

« Les tenants d’une neutralité pure et dure ne peuvent nier que nous ne sommes pas en état de défendre la neutralité qu’ils prônent faute d’armement. »

Ce que l’auteur omet soigneusement de dire, c’est pourquoi la Suisse n’est plus en mesure de défendre sa neutralité.

Or les faits sont connus :

  • budgets militaires compressés pendant plus de 30 ans,
  • abandon de la défense territoriale au profit de missions « de coopération »,
  • démantèlement progressif de la capacité industrielle et logistique autonome,
  • dépendance croissante aux standards, systèmes et chaînes d’approvisionnement de l’OTAN.

L’armée n’a pas été affaiblie par la neutralité, mais pour rendre la neutralité impraticable, puis politiquement disqualifiable.

L’« interopérabilité » : le mot-clé de la subordination

Le terme revient comme un mantra : interopérabilité.

Ce mot technique dissimule une réalité politique simple :

qui est interopérable dépend de celui qui fixe les standards.

Interopérabilité avec l’OTAN signifie :

  • dépendance technologique,
  • dépendance doctrinale,
  • dépendance stratégique,
  • et à terme, alignement politique obligatoire.

Ce n’est pas de la coopération.

C’est une intégration sans vote, exactement ce que la démocratie suisse est censée empêcher.

« Résilience de l’opinion publique » : un aveu troublant

L’un des passages les plus révélateurs concerne la « résilience » de l’opinion publique face à la désinformation.

Traduction :

le problème n’est pas la menace, mais la population qui doute.

Quand un État commence à considérer ses citoyens comme une variable à « préparer », « sensibiliser » ou « corriger », on ne parle plus de sécurité nationale, mais de gestion cognitive du consentement.

Comme l’écrivait déjà Walter Lippmann, théoricien de la propagande moderne :

« La fabrication du consentement est devenue un art conscient. »

Neutralité armée : un principe constitutionnel, pas une option

La neutralité n’est ni un slogan ni une posture morale.

C’est un choix stratégique inscrit dans l’histoire, le droit et l’intérêt vital de la Suisse.

L’article 2 de la Constitution fédérale est clair :

« La Confédération protège la liberté et les droits du peuple et sauvegarde l’indépendance du pays. »

Subordonner la sécurité suisse à des alliances militaires étrangères — surtout sans vote — viole l’esprit même de la souveraineté populaire.

Ce que Le Temps ne dit jamais

François Nordmann ne pose jamais les vraies questions :

  • Pourquoi la Suisse devrait-elle adopter la vision sécuritaire de blocs militaires étrangers ?
  • Qui bénéficie économiquement et politiquement de cette intégration ?
  • Pourquoi le peuple n’a-t-il jamais été consulté sur ce changement de paradigme ?
  • Pourquoi toute critique est-elle immédiatement disqualifiée comme naïve ou irresponsable ?

Le silence sur ces points n’est pas un oubli.

C’est une ligne éditoriale.

Conclusion – La neutralité ne s’abandonne pas, elle se défend

La Suisse n’est pas faible parce qu’elle est neutre.

Elle est affaiblie lorsqu’on organise son renoncement.

Ce qui se joue aujourd’hui n’est pas une simple réforme de la politique de sécurité, mais un changement de régime stratégique, opéré sans mandat populaire, porté par une élite politico-médiatique convaincue que le peuple doit suivre, non décider.

La neutralité armée n’est pas dépassée.

C’est précisément parce qu’elle est un obstacle à l’alignement qu’on cherche à la rendre impossible.

Et quand les chroniqueurs expliquent qu’il n’y a « rien à débattre », c’est qu’en réalité, tout reste à défendre.

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