Par Ludovic Malot – entrepreneur & économiste
Il y a des révélations qui ne laissent plus place au doute : ce que Washington tente d’imposer à la Suisse n’a rien d’un simple marchandage douanier. Derrière l’exigence de délocaliser une partie de notre raffinage d’or, c’est une manœuvre géopolitique majeure qui s’exécute à ciel ouvert : affaiblir la seule monnaie occidentale encore adossée à la confiance réelle, et neutraliser le dernier bastion mondial du métal précieux raffiné. La Suisse n’est pas face à un “deal”, mais face à une offensive stratégique visant le cœur de sa souveraineté. Et si nos parlementaires ne se lèvent pas maintenant, nous perdrons ce qui fait de nous un pays libre : notre indépendance monétaire.
🇨🇭Or suisse : l’ultimatum américain révèle la vraie guerre en cours
Il faut arrêter de jouer les naïfs. Ce que Donald Trump exige — délocaliser une partie du raffinage d’or suisse aux États-Unis en échange d’un tarif douanier abaissé — n’a rien d’un “deal commercial”. C’est une opération géopolitique majeure : un assaut contre la seule monnaie réellement saine qui reste en Occident, et un avertissement adressé à la Suisse pour qu’elle renonce à son autonomie monétaire.
Trump ne nous impose pas une concession industrielle.
Il nous impose un désarmement monétaire.
Les États-Unis savent que l’or suisse — pureté, capacité, neutralité, confiance — est un pilier de notre souveraineté. Et ils savent que la vraie menace pour le dollar n’est pas la Chine, ni la Russie : c’est la Suisse lorsqu’elle se souvient qu’elle a été un pays à monnaie solide.
Ferdinand Lips l’avait annoncé dans Gold Wars — ouvrage qu’il avait envoyé à tous les parlementaires fédéraux :
« Le système dollar ne peut survivre qu’à condition que l’or reste marginalisé. Toute nation qui renforce ses réserves devient une menace. »
Nous y sommes.
1. Ce n’est pas une guerre commerciale : c’est une guerre contre l’or
Ce que demande Washington est limpide :
– déplacer l’or suisse sur sol américain ;
– affaiblir notre chaîne de valeur ;
– réduire notre capacité à contrôler la source, le raffinage et la qualité ;
– transformer un atout stratégique en dépendance administrative.
Le message implicite :
L’or suisse doit être sous portée juridique américaine.
Car une fois sur sol US, il entre dans le périmètre d’extraterritorialité, de sanctions, de pressions, de confiscation potentielle. Lips encore :
« L’or détenu hors de portée politique est un acte de rébellion contre l’empire du dollar. »
2. La Suisse doit acheter 1500 tonnes d’or — maintenant, pas demain
Avec 1040 tonnes officielles, la Suisse est loin derrière ce qu’exige une neutralité crédible dans un monde fracturé.
La BNS détient plus de 360 milliards en bons du Trésor US, dette d’un État en faillite comptable et dont la monnaie repose sur la seule force militaire.
Il faut échanger immédiatement ces titres contre de l’or — au moins 1500 tonnes supplémentaires — afin de :
1.garantir la valeur à long terme du franc (art. 99 Cst.)
2.protéger l’épargne suisse d’un effondrement du dollar
3.couper la dépendance stratégique à un État qui instrumentalise le commerce
4.solidifier la monnaie-mère de tous nos échanges : la confiance
Lips écrivait :
« Le dollar est une fiction soutenue par la coercition. L’or est la seule vérité monétaire qui n’a pas besoin d’être défendue. »
3. Renforcer le raffinage en Suisse, pas le délocaliser
Le raffinage suisse (Valcambi, Pamp, Metalor, Argor) représente 65 à 70% de l’or mondial raffiné certaines années.
C’est la dernière industrie stratégique où la Suisse domine le monde.
La délocalisation n’est pas une “opportunité”.
C’est une menace existentielle.
Nous devons au contraire :
– augmenter nos capacités de raffinage sur sol helvétique ;
– sécuriser l’approvisionnement ;
– renforcer la certification Swiss Made ;
– réduire notre vulnérabilité logistique ;
– sanctuariser les standards LBMA sous contrôle suisse.
Rien ne doit sortir du périmètre souverain.
4. Aux parlementaires suisses : réveillez-vous
Ce qui se joue n’est pas une affaire de douane.
C’est l’avenir du franc, de notre industrie, de notre neutralité.
Chaque parlementaire devrait relire Gold Wars — et comprendre que Lips n’était pas un “pessimiste”, mais un visionnaire. Il écrivait il y a vingt ans :
« Les nations qui abandonneront l’or abandonneront leur liberté. »
Il est temps que les élus suisses montent au créneau :
– exiger un plan national de ré-adossement du franc à des actifs réels ;
– lancer un programme d’achat massif d’or ;
– rapatrier tout l’or stocké à l’étranger ;
– refuser toute délocalisation imposée par Washington ;
– faire de la BNS un rempart monétaire, pas un hedge fund exposé au dollar.
Conclusion : l’or est notre cœur nucléaire souverain
Face à un monde où les monnaies papier s’effondrent, où les puissances imposent leurs intérêts par la contrainte, et où les accords bilatéraux servent de leviers de domination, la Suisse ne peut pas se permettre de rester passive.
L’or n’est pas un métal.
C’est l’assurance-vie de notre indépendance nationale.
Si nous abandonnons notre or, ce n’est pas seulement notre économie qui vacille.
C’est la Suisse elle-même.